Les neurosciences appliquées aux HR Tech & Talent Management : 1ère conférence « speaker series » by Wavestone

Wavestone a reçu dans ses locaux trois experts des neurosciences appliquées au talent management à l’occasion d’une table ronde passionnante, animée par l’ancienne directrice des partenariats d’OpenClassrooms. 

Notre première invitée, Camille MORVAN, possède une renommée internationale. CEO de Goshaba, une intelligence artificielle spécialisée dans le recrutement non biaisé, elle détient un PhD en neurosciences de l’Université d’Harvard. Jeremy LAMRI, notre second invité, est co-fondateur du Lab RH et de Monkey Tie. Diplômé d’Oxford et d’HEC, il vient de sortir son livre aux éditions Dunod sur « Les Compétences du XXIème siècle« . Enfin, Guillaume COPPIN, CEO de Xos, était également présent, pour parler de neuro-pédagogie avec une dimension learning et formation.

Tous trois ont partagé leur vision des neurosciences contemporaines, de leur application aux technologies RH, et plus particulièrement au recrutement, à la formation et la gestion des compétences. Ils ont également débattu sur les perspectives d’avenir qui se profilent pour les neurosciences dans les RH, et des risques qui y sont inhérents.

Qu’est-ce que les neurosciences ?

Comme leur nom l’indique, les neurosciences sont les sciences du cerveau. Elles nous éclairent sur les fonctions neuronales qui contrôlent nos émotions, nos comportements, nos décisions au quotidien. Les neurosciences intéressent fortement les décideurs RH car elles ont donné naissance à des applications pertinentes pour la gestion des ressources humaines.

Le recrutement et les neurosciences

En matière de recrutement, la recherche sur le cerveau a démontré l’existence et l’impact de biais cognitifs dans la sélection de candidats. Ces biais cognitifs influencent la prise de décision des recruteurs qui parfois, sélectionnent des candidats selon des critères non pertinents ou trompeurs. Par exemple, une sélection selon le parcours académique ou le sexe du candidat. En parallèle, les services de recrutement des entreprises ont de plus en plus recours à des techniques de machine learning et de data mining pour identifier des candidats parmi des millions de profils. Toutefois, ces technologies basées sur l’analyse de données reproduisent nos mêmes biais cognitifs dans le processus de job matching. Par exemple, un homme a plus de chance d’être sélectionné pour un poste dans la Tech qu’une femme. En effet, les hommes sont beaucoup plus représentés dans ce secteur bien qu’il n’y ait aucune corrélation entre le genre homme vs femme et la performance à exercer un métier dans la Tech. Pour sélectionner des candidats selon leur adéquation réelle avec un poste et pratiquer un recrutement éthique, Goshaba se base sur des principes de neurosciences qui mesurent les aptitudes cognitives des candidats en fonction des compétences demandées par l’employeur.

La formation et la neuropédagogie 

En termes de formation, les neurosciences ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de la mémoire et l’assimilation à long terme du savoir. Par exemple, la courbe d’Ebbinghaus, conceptualisée par le scientifique du même nom, montre que l’assimilation du savoir dans notre mémoire à long terme passe par des répétitions de sessions d’apprentissage. Ces dernières sont d’abord très rapprochées dans le temps, puis de plus en plus espacées au fur et à mesure que le processus d’assimilation du savoir avance. Cette connaissance du fonctionnement de la mémoire peut s’intégrer dans des programmes de formation ou des technologies innovantes comme celle développées par Xos. Un autre concept clé des neuro-pédagogies est le rôle essentiel des émotions dans le processus d’apprentissage. Un contenu de formation qui suscitera l’étonnement, la peur ou la joie chez un apprenant sera assimilé plus efficacement et durablement dans le cerveau. Là encore, Xos propose des contenus adaptés à ces principes. D’autres technologies innovantes comme la réalité virtuelle permettent de créer des expériences d’apprentissage en immersion totale ou partielle. Ainsi, les apprenants sont d’autant plus impliqués pendant la formation et apprennent mieux. Le social learning, le microlearning et la gamification contribuent également à stimuler l’apprentissage.

Les compétences du XXIème siècle

Dans le cadre de la gestion des compétences, Jeremy LAMRI insiste beaucoup sur l’importance du cortex préfrontal, zone du cerveau responsable du développement de 4 compétences essentielles pour relever les défis du XXIe siècle, communément appelées les 4C : communication, créativité, collaboration, esprit critique. Par ailleurs, Jeremy nous explique qu’il existe 4 types de compétences : les compétences comportementales et émotionnelles ; les compétences citoyennes d’adaptation aux codes de la société ; les hard skills ou compétences techniques gérées par le cortex pariétal à l’arrière du cerveau ; et les compétences cognitives (apprendre, réfléchir et interagir), contrôlées par le fameux cortex préfrontal.

Quel avenir pour les neurosciences ?

Au-delà de ses connaissances sur le cerveau et les compétences du XXIème siècle, Jérémy dépeint également sa vision du futur des neurosciences et des risques associés. Selon lui, cette discipline n’aura de cesse de se développer à l’avenir. Dans le futur, chaque candidat verra son cerveau analysé pour identifier ses performances cognitives et calculer le taux de compatibilité avec le poste proposé. De plus, chaque collaborateur qui suivra une formation bénéficiera de contenus personnalisés, totalement adaptés à ses caractéristiques cérébrales. Selon le profil d’un apprenant, le responsable formation saura quel sujet donner, à quel rythme, selon quelle modalité pédagogique, en groupe ou de manière individuelle, à l’oral, à l’écrit, ou de manière auditive, …

Toutefois, les risques liés à l’émergence de neuro-technologies sont nombreux. Par exemple, la sélection des candidats selon un scanner de leur cerveau pourrait fermer la porte du marché du travail à une multitude de travailleurs. D’autres dérives pourraient avoir lieu. En Israël, une technique pour analyser les performances cognitives d’un individu selon la forme de son visage est étudiée. Et qu’en est-il de la start-up d’Elon Musk, Neural Link, fondée en avril 2017, avec pour objectif de créer une interface entre le neurone et le transistor ? Ce serait le début des performances cérébrales augmentées par l’intelligence artificielle, avec les problèmes d’inégalités que cela pourrait poser.

Rassurons-nous tout de même, nos experts confirment que nous n’en sommes pas là ! Pour le moment, les neurosciences apparaissent comme un véritable allié pour bâtir des stratégies de talent management compétitives. Elles ont des applications concrètes sur le recrutement, la formation, la gestion des compétences et elles enrichissent d’autres domaines tels que le management. Néanmoins, attention aux phénomènes de mode ! Camille MORVAN nous met en garde sur le fait que les neurosciences peuvent rapidement devenir un buzzword dans le jargon du monde de l’entreprise.

Pour aller plus loin, retour en vidéo sur la conférence Speaker Series by Wavestone !

Un article rédigé par Michael Doré

Pour en savoir plus, vous pouvez contacter Maud Ayzac, Senior Manager, à cette adresse : maud.ayzac@wavestone.com

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