Transformation des modes d’apprentissage avec la crise Covid-19 #1 – Faut-il encore investir dans la formation ?

La transformation numérique et l’arrivée sur le marché des EdTech (ensemble des organisations dotées d’un savoir-faire technologique innovant dédié à la connaissance, à son apprentissage, et à sa transmission) avaient déjà amorcé une mutation profonde des formations. Mais la crise de la Covid-19 a bouleversé nos modes d’apprentissage : la généralisation du télétravail a forcé les organisations à réinventer des parcours ayant lieu jusqu’ici uniquement en présentiel. Pour ce faire, de nombreuses organisations ont fait appel à des plateformes de contenus accessibles librement et en autonomie. Par ailleurs, avec la démocratisation du Compte Personnel de Formation (CPF), les certifications externes se substituent aux contenus créés par l’organisation.

A ce titre, est-il aujourd’hui encore nécessaire d’investir dans la formation ?

Nous vous proposons cette semaine une immersion sur les modes d’apprentissage de demain, dans le monde post-Covid.

 

Le Digital Learning rend possible des apprentissages en autonomie…

Le télétravail a banalisé le Digital Learning : c’est-à-dire l’utilisation du digital comme format d‘apprentissage. En effet, les apprenants avancent en autonomie et de manière asynchrone, ce qui apporte de nombreux avantages comme la liberté pour les participants de réaliser la formation au moment le plus opportun, en respectant leur propre chronobiologie et en avançant à leur rythme.

Surtout, le Digital Learning permet d’augmenter le nombre de formations mises à disposition pour les collaborateurs, en s’appuyant sur des contributeurs externes. De nombreuses plateformes référencent des supports créés par des experts et spécialistes d’une thématique donnée, pour un besoin précis. Les supports sont variés : Mooc, podcasts… et l’apprenant est libre de choisir son module.

Le Digital Learning apporte donc de nombreux avantages, aussi bien pour l’organisation que pour les collaborateurs, qui peuvent accéder à un « Netflix de la formation ». Mais pouvons-nous vraiment nous arrêter là, quand nous savons que seulement 10% des inscrits à un Mooc le finalisent ? [1] 

 

Mais le rôle de la formation reste primordial …

Il est pour autant encore nécessaire d’investir dans la formation. Tout d’abord, tous les sujets ne peuvent être traités sous le format Digital Learning. Les latences du distanciel ne permettent pas de recréer l’instantanéité des interactions, rendant certains sujets moins efficaces sous ce format, comme par exemple le management. De plus, les organisations ne peuvent s’affranchir de la création en interne de contenus. En effet, chaque entreprise est confrontée à des thématiques propres à son environnement qui requièrent de gérer en interne la montée en compétences de ses collaborateurs.

La formation porte maintenant un rôle clé : savoir orienter les collaborateurs sur les bons sujets de formation. En effet, la surabondance de choix peut favoriser l’indécision de ces derniers, et générer des difficultés à s’autoformer. A cela s’ajoute le faible taux de complétion des formations en ligne, en l’absence de cadre et de leviers de motivation. Il est donc nécessaire de cadrer la montée en compétence de l’apprenant. Cela est d’autant plus vrai à l’heure où les plans de formation doivent faire preuve de flexibilité et d’adaptabilité pour prévenir l’obsolescence rapide des compétences. L’enjeu est donc d’aligner les sujets de formation traités par l’apprenant avec les besoins de l’organisation, notamment au travers du CPF.

Ainsi, pour structurer les savoirs, nous pouvons nous appuyer sur l’intelligence artificielle et l’Adaptive Learning. Dans cette démarche, l’utilisation des learnings analytics permet par exemple de personnaliser le parcours de formation proposé à l’apprenant en tenant compte de son niveau de compétences pour le diriger vers le contenu pertinent, avec le niveau de difficulté adéquat et au moment opportun pour l’organisation. Des bots peuvent également l’aider à identifier une formation.

L’utilisation du Digital Learning nécessite également de mettre en place des indicateurs de réussite et un suivi des collaborateurs afin d’avoir de la visibilité sur les compétences acquises et en cours d’acquisition.

  • Pour assurer le suivi à distance, la posture managériale est critique. Le confinement a été révélateur de l’hétérogénéité de la maturité digitale des collaborateurs, et a engendré une fracture des compétences entre ceux qui ont pu se former et ceux qui n’en ont pas eu l’occasion.
  • La formation doit s’inscrire dans une véritable dynamique de communauté apprenante, pour inciter et encourager les collaborateurs à se former et à partager leurs retours d’expérience. Pour ce faire, nous pouvons nous appuyer :
    • Sur un classement gamifié des collaborateurs ayant finalisé le plus grand nombre de modules prévus
    • Ou encore sur un community manager champion de la formation digitale, qui encourage régulièrement les apprenants à se former et suggère des ressources de formation.

 

… Pour optimiser la reprise économique

La Covid-19 a engendré une reconfiguration des activités des entreprises. La formation va donc jouer un rôle primordial pour ces réorganisations, pour favoriser les mobilités internes et contribuer à la reprise économique. Pour cela, il est nécessaire de re-prioriser les sujets de formation, afin d’apprendre à la vitesse du changement.

Enfin, la digitalisation du Learning & Development s’est certes accélérée avec la crise Covid-19, puisque les entreprises ont testé de nouvelles pratiques et de nouveaux outils. Cependant, pour être pérenne, la digitalisation doit faire l’objet d’une réflexion plus large sur les outils et les méthodes. Le Digital Learning doit s’insérer dans une véritable stratégie pédagogique, en cohérence avec les sujets à traiter et la maturité digitale de l’organisation et des collaborateurs.

Wavestone dispose d’une expertise dédiée pour vous accompagner sur vos sujets de stratégie pédagogique post confinement.

[1] http://blog.educpros.fr/matthieu-cisel/2013/06/01/mooc-ce-que-les-taux-dabandon-signifient/

—–Léa SEVESTREAnalyste
Pour en savoir plus, vous pouvez contacter :
Cyril RAYERManager
cyril.rayer@wavestone.com
Jean-François BUTEZManager
jean-francois.butez@wavestone.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back to top