Interview de Michel Ghetti, Président F/I/E : retour sur l’accord ANI

Logo FIELe blog RH-Management a interviewé Michel Ghetti dans le cadre du rapprochement de F/I/E avec Kurt Salmon RH-management pour offrir une alternative lors des redéploiements et l’accompagnement des PSE en France.

Biographie de Michel Ghetti, Président F/I/E/ 

Depuis plus de 20 ans, Michel Ghetti accompagne des groupes, nationaux et internationaux, industriels ou de services, dans la conception et la mise en œuvre de leur politique de réorganisation. Dès 1990, en sa qualité de  directeur du développement du premier cabinet européen de Conseil  RH, il a participé à l’évolution des pratiques d’anticipation en matière d’ingénierie sociale, que consacreront successivement la Loi de Modernisation Sociale puis la Loi de Programmation pour la Cohésion sociale. Fondateur du groupe F/I/E/ en 1996, il en assume aujourd’hui la présidence. A ce poste, outre les responsabilités inhérentes à son mandat, il intervient en qualité de Chef de projet  pour la conception et la conduite de grands projets de redéploiement  au sein de grands groupes.

1.     Que pensez-vous du projet de loi présenté le 5 mars en conseil des ministres et qui a pour objet de retranscrire l’accord ANI du 11 janvier 2013 ?

Au-delà d’un simple texte législatif, le gouvernement souhaite à l’évidence que l’Accord National du 11 janvier soit le symbole d’un nouveau mode de gouvernance et d’un nouveau dialogue social en France. De ce point de vue, j’estime que le résultat est atteint. Par ailleurs, ce projet de loi concourt indéniablement à la sécurisation de l’emploi avec l’introduction de « nouveaux droits » pour les salariés et les chômeurs. Alors que 3,5 millions de salariés ne bénéficient pas aujourd’hui de couverture santé, la généralisation des mutuelles d’entreprises d’ici à 2016 constitue une belle avancée. Le « compte personnel de formation » va quant à lui contribuer à améliorer la mobilité des salariés et la sécurisation de leur parcours professionnel. En revanche la taxation de certains contrats à durée déterminée ne me semble pas constituer la bonne réponse : le CDI unique, réaménagé pour sortir de la complexité actuelle du droit du travail, aurait dû être consacré. Enfin, je suis favorable à la proposition pour les entreprises affrontant des difficultés conjoncturelles de pouvoir conclure des « accords de maintien dans l’emploi », dans la mesure où des garde-fous concernant le salaire et le temps de travail sont prévus.

2.     Flexibilité de l’emploi ou sécurisation de l’emploi, selon la lecture que l’on en fait, les syndicats FO et CGT dénoncent cette loi qu’ils qualifient « d’accord de compétitivité Sarkozy ». Qu’en pensez-vous ? 

L’accord de compétitivité privilégie la négociation. Il est en phase avec ce que font aujourd’hui nos pays voisins comme l’Allemagne.

J’observe que le syndicat FO chez Renault a validé l’accord de compétitivité alors que dans le même temps sa centrale manifestait aux côtés de la CGT à Paris, précisément contre ce type d’accord… Cela démontre une montée en puissance de l’autonomisation des syndicats-entreprises, proches de la réalité du terrain, par rapport à leurs centrales. Cela joue d’ailleurs, quel que soit le syndicat dans les deux sens : ici une radicalisation excessive, là une signature d’accord, selon la nature des difficultés.

Mais l’accord de compétitivité est un bon outil car il est évidemment préférable de prendre un risque partagé pour un espoir d’avenir  plutôt que de refuser tout changement et  toute adaptation, ce qui est la certitude de compromettre cet avenir.

3.     Concrètement, en l’état actuel du projet de loi, qu’est-ce que cela va changer pour la conduite d’un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) par exemple ?

La législation sur les plans sociaux se trouve modifiée en profondeur. Les entreprises auront désormais deux voies pour conduire un PSE : soit elles concluent un accord collectif majoritaire qui sera soumis à l’administration pour être approuvé dans un délai de 8 jours, soit elles proposent un plan unilatéral qui doit être homologué par l’administration sous un délai de 21 jours. Cela constitue un avantage en termes de temps et de sécurisation juridique pour les entreprises. Une autre avancée significative est la prise en compte de manière préventive des risques psycho-sociaux qu’induit la réorganisation que comporte tout PSE. Enfin, la recherche préalable de repreneurs comme solution alternative va également dans le bon sens, sous réserve de la future loi distincte à venir concernant la reprise des entreprises qui ont un projet de fermeture, qui risque d’être exagérément coercitive.

Mais, en l’état actuel de la loi de retranscription de l’ANI, l’ensemble des mesures qui encadrent la procédure de PSE consacrent l’anticipation, ce qui est indispensable, et le dialogue social, ce qui devrait être la règle.

4.     2013 va-elle être selon-vous l’année record des plans sociaux ? Une loi peut-elle changer les choses ?

Nous traversons aujourd’hui une nouvelle phase de crise avec  une multiplication des plans sociaux. Nous verrons en fin d’année si nous atteindrons le niveau de plus de 2000 PSE enregistrés en 2008. La tendance actuelle s’explique aussi, outre les raisons économiques structurelles, par le fait que nombre de PSE, qui auraient dû intervenir en 2012, ont été différés pour cause de calendrier électoral.

Avec ce projet de loi, nous allons dans la bonne direction dans le sens où il instaure une culture du dialogue dans le paysage social, pour la résolution des difficultés structurelles que rencontrent certaines entreprises.

5.     Pourquoi vous êtes-vous associés avec Kurt Salmon ?

Nous sommes très heureux de nous être associés  avec Kurt Salmon car cela nous permet de  renforcer l’offre en matière de Ressources Humaines et de Management. Depuis plus de 15 ans, nous accompagnons les entreprises et les salariés dans leurs redéploiements sur les volets sociaux et revitalisation. Renforcer le dynamisme d’un territoire, revitaliser un bassin d’emploi et favoriser le développement des entreprises sont notre quotidien.

Avec Kurt Salmon et sa grande expertise « métiers », nous constituons ainsi une offre incontournable en matière d’ingénierie sociale et de restructuration sur le marché. Nous avons d’ores et déjà remporté de beaux appels d’offre, ce qui confirme la pertinence de cette nouvelle offre, son positionnement sur le marché et donc, le bien-fondé de notre alliance avec Kurt Salmon.

Auteur : Blog RH-Management

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